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Patrick VIOLETTE

Fléaux

Le purgatoire sera ce que le purgé est...

Si la tourmente m'entoure et est triomphante
Dans mon ossuaire esprit qui ne craint plus rien
Et que la mort muette éveille un art qui chante,
C'est que la vie en moi dissipe alors ses liens

Je sens l'enfer gronder et les pré-cieux qui saignent
Je vois la nuit hurler quand une aube se tait
Sous le vaste portail où les cerbères règnent
Par le mortel temps où les anges se battaient

Quand l'ombre s'épouvante à la vue de l'aurore
Et que le chant malsain des oiseaux matiniers
Mortifie le sommeil que mes rêves dévorent
Je sais que veille en moi un servile limier

Il est là, je le sais, j’entends son rire encore
Persiflant mais surtout, insolent meurtrier,
Il incendie mon âme au tréfonds de mon corps
Il s'esclaffe en vain. Je saurai m'en délier...

Je place l'organe qui conserve son mal
Sur le plateau jumeau de la pesée primale
D'un côté s'élève mon dégoût misogyne
De l'autre s'alourdit le poids de mes origines :

Dans l'acerbe océan, le néant fourmilier,
Dansent les os céans des cerbères piliers
Le moribond médial démon se lie aux femmes
Dans la mort par milliers quand le monde s'enflamme

Ce funeste battoir qui a brisé ses mailles
Terre des humiliés, patrie de toutes failles
Berceau de la honte et des âmes éraillées
De la masse néfaste du terroir émaillé

Je le pose sur des larmes qu'un cou tordu
Ne pourrait plus porter dans l'ancien lendemain
Il repose sur les lames d'un couteau nu
Alors que je tiens les étapes dans mes mains:

Son dantesque regard éteint lueurs et foires
Dans les cerveaux béants, dans les séants limiers
Sa tête est hérissée de mille pointes noires
L'histrion diadème qui vous est familier

Méduse sanguinaire ou loyale traîtresse
Tu es la loi fatale et le deuil des idéaux
Gorgone serpentine, la traîtrise maîtresse,
Mère de tous les espoirs, de tous les fléaux

Le châtiment sera ce que le châtié est...

Décembre 2001