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Patrick LETESSIER

Enfant de la faim.

Enfant d'Afrique au corps d’ébène,
Le sang qui bouillonne dans tes veines
Raconte un peuple que l'on malmène.
Les larmes amères de tes peines,

Sous l’ardeur de l'astre de lumière,
Conjuguent une sombre misère.
Tu marches mains tendues, susurre une prière,
Rare ici bas, l'eau est le sang sacré de la terre.

Depuis des temps immémoriaux,
Sous la tutelle des drapeaux,
Noirs et cupides charognards, de cruels corbeaux
Croassent sur tes sanglots des hymnes coloniaux.

Sans scrupules, à l'affût d'un nouveau festin,
Sur de grandioses plateaux d'ocres et de vermeils,
Ils étouffent de leurs ailes tes premiers éveils,
Te façonnent à leur guise un funeste destin.

Sur cette terre aux lumières safranées
Où l'humain s'érigea, où Lucy est née ;
Tu erres sous l’œil du soleil, enfant en souffrance,
Fantôme au ventre gonflé par trop d'indifférence.

Pantelant, dans les bras décharnés d'une mère,
Sous le regard hagard et impuissant d'un père,
Image d'un passé, ou nuits et brouillards
Voyaient les enfants mourir comme des cafards.

Au fond de tes prunelles, une vive lueur
Crie son droit à la vie, son droit au bonheur.
Là, tu n'as même plus la force de haïr,
A peine t'en reste t-il assez, pour mourir.

Soudain, un soubresaut, un regard qui se glace,
Elle pose sur l'ocre rouge le corps face au soleil ;
Tranquillement assis, les corbeaux regardent vers le ciel ;
La mort est dans l'écran, pour eux point de menace.

Alors pourquoi pleurer la mort d'un enfant noir,
Autour de la corbeille, on danse, il pleut de l'or
Partout, on thésaurise, on accroît son trésor ;
On a laissé aux cieux, le reflet du miroir.