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Patrick DUCHEZ

Retour

Dans la pâleur du soir, je viens à ta croisée
T’annoncer mon retour, si tu veux bien de moi.
Je suis seul tu vois, je te reviens brisé.
Celle pour qui un jour, tu avais, quel émoi!
Par un coup sur le chef sacrifié ton ombrelle,
M’a quitté pour un autre à mon dernier écu.
Depuis dans une errance, la pensée pêle-mêle,
J’ai porté mon malheur d’un pas lourd de vaincu.

Je te reviens sans or et d’argent je n’ai point,
Mais je rapporte pour toi, dans une malle grise,
Des cadeaux merveilleux de ces pays lointains,
Où j’ai fait mille prouesses pour en faire ma prise.
Je voudrais que tu prennes et sans rien me devoir
Ces présents que je t’offre, en espérant si peu
Qu’ils allégent ton cœur pour faire naître l’espoir,
D’un pardon souverain rallumant notre feu.

Je dépose à tes pieds, un rayon de soleil
Pour réchauffer ton cœur et éclairer tes nuits.
Le rêve d’un enfant pour parer ton sommeil
Une pleine poignée de ces gouttes de pluie.
Une rose des vents et ses quatre parfums,
Le chant d’une sirène qui enchanta Ulysse
Et l’espoir laissé sur le bord du chemin,
Par Pandore la curieuse, dans sa boite à malice.

Et puis trois ricochets sur les eaux d’un étang,
Une senteur de Chine dans une brassée d’œillets,
Un moment de répit oublié par le temps
Et l’ombre du soleil, grande toge endeuillée.
Un morceau d’arc-en-ciel provenant d’un désert,
Le regard d’un enfant un matin de Noël,
Le murmure du torrent où se baignent les bergères
Et la petite échelle pour le septième ciel.

Des traces du Yéti sur les neiges éternelles,
Une caresse posée sur la joue d’un enfant,
Le pardon véritable à un grand criminel
Et l’appel de Roland dans son vieil olifant.
Le reflet des nuages sur un lac en sommeil,
Quelques miettes de pain du repas de la Cène,
Du jasmin du pôle sud aux couleurs sans pareil
Et le premier baiser de Pâris à Hélène.

Voilà les seuls trésors, mon unique butin
De ces temps de folie où j’étais loin de toi.
Tes volets restent clos et la lumière s’éteint.
Il faut partir d’ici et quitter mon chez toi!
Tes raisons sont comprises, je ne peux t’en vouloir,
Je reprends mon chemin comme une feuille morte
Et remonte l’allée menant au purgatoire.
Mais dans mon dos j’entends, que s’ouvre ta porte!