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Patricia LARANCO

Corps improbable.

Corps improbable
Assis, pensif, sur quelque veinule du temps,
Penché sur l’onde bifurquée,
L’onde bifide qu’or divise.
Corps improbable
En lent recul
Un seul et grand affaissement,
Un affaissement du respir,
Des poches
Qui se vident d’air
Comme un retrait
De la marée.
Un paquet de chair obscurcie à la gravitation perdue
Dans l’ombre sentinelle qui
Gît le long de rêches pensées.
Un morceau de terre durcie
Effritée entre les courants
Qui remontent le dos des mers
Et les vertèbres des Pangées.
Corps improbable
Cet arrêt,
Ce râle d’écorce écorchée
Qui suinte parmi les grumeaux,
Filtre à travers
Les pores secs.
Avidité. Rugosité. Nodosités.
Vent mu d’errance.
On plonge à l’intérieur des nœuds. Sous la peau qui vous bat
On circule. Mieux que le sang.
Sous cette écorce aux blancs réseaux. Les scarifications se
Le corps improbable est à vif. Et n’est plus qu’un cri guttu
Vitrail, l’iguane voit ce qui lui tient
Lieu de peau : croûte ruinée
Pleine de ravines, laisser
échapper des panaches blancs
Des solfatares de vapeur
Et de cendre qui rôdent, corrodent.
Corps improbable corps-velours
Corps du monde cercueil ouvert
Livrant passage à des statues,
Des carcasses changées en sel,
Des charognes changées en gel
Au gré du glissement de sens.
Corps purulent pulvérulent
Tu redresses alors
Ton poitrail
Ton bouclier
De papillon
Pour une dernière embardée.

Il fait bon. Les forêts
S’évasent.
L’ombre sentinelle a pris chair.
C’était au temps de la nausée. L’oracle ovale s’est levé et
Les mots soudés n’ont fait qu’un bloc.
Un seul et unique buisson.
Un maillage serré, touffu.
Leur envers n’était plus
Visible.