Le Soleil du Cap
A Nelson Rolihlahla Mandela
Le Soleil aujourd’hui enfin du Cap se lève
Qui apporte chaleur, lumière, espoir et vie,
Du ciel sur une terre où semblait mort le rêve
Pour des millions d’enfants sans maisons ni patrie.
La semence de paix, de liberté, d’amour,
Que Dieu mit dans le cœur de l’homme son image
Enfin pourra germer et fleurir à son tour
Pour Khoisans, Xhosas, Zoulou et Boers—quel brassage !
Brassage vers lequel la nation arc-en-ciel
(Encore endolorie par la loi délictuelle
De ceux qui redoutaient de partager l’espoir :
Que l’avenir revient à ceux qui vont s’asseoir
Ensemble, blancs ou noirs, indiens, et puis que sais-je,
Pour cogérer le temps, les gens, l’argent, les sièges...
Que l’on peut être deux et pourtant vivre heureux ;
Que le bonheur des uns sans les autres est creux ;
Et que le vrai visage enfoui du désarroi
C’est l’instant où l’enfant ne pleure plus d’effroi,
Habitué à l'émoi et défiant l’au-delà).
Brassage... disais-je, avant la parenthèse,
Vers lequel la nation arc-en-ciel, sans diathèse,
Convie alors son peuple, avec toi, Mandela,
De la geôle ouverte où tu sors dans la gloire,
Pour qu’au grand jour l’on croit à la fin des déboires,
Ou, du moins, à l’aurore enchantée, d’une Afrique
Qui se dresse, debout, dans ta stature épique.
Dimanche 11 février 1990
