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Pascal Blaise BEBOUA

A tous ceux qui sanglotent (II)

...
O race de serpents ! Sycophantes ! Harpies !
Quand avouerez-vous que vous allez en charpie,
Ecorchés, esquintés, par vos propres morsures ?
Que vos dents sont teintées du sang de vos blessures,
Que si l’autre a fort tort et vous a rudoyé,
Vous n'êtes pas lavés qui vous-mêmes noyez!
Vous qui montrez du doigt les coups machiavéliques,
Les tours et les trafics des grigous de l’Afrique,
Vous prisez les clins d’oeil, le geste de la tête
Qui les complète bien, le sourire épithète,
Parleur, solliciteur, hâbleur de l'enjôleur,
Et la main, oui, la main, la main de l’oiseleur,
La main de l’acolyte et sa poigne complice,
La main tendue, louche à souhait, qui là se glisse,
Pour saisir ou livrer des faveurs usurpées,
La main à l’enveloppe, au billet extirpé,
Discrète ou sans pudeur, la main qui se “débrouille,
C’est tout ! Il le faut bien !”, par toutes ces magouilles.
Cette main dont l’index racorni de victime
Pointe le Gypaète (accipitre unanime !)
Comme unique rapace au-dessus de vos crânes
Trahit les lignes nues de vos sombres arcanes.
Vous piaillez : — On nous pille ! — et puis vous faites pire
Vous maillez le chemin qui reste a parcourir.
Émulant les malins par qui, émasculés,
Vous allez claudiquant, vous avez basculé,
Comme la basse pègre, au cœur des fonds stupreux
Des corruptions honnies dont vous êtes les preux.
Vos lauriers ? Les voici ! — Escroquer, détourner,
Dérober proprement, — extorquer, larronner,
Tromper honnêtement. Voilà qui vous arrange !
Votre pire tourment ? Que ce monde s’effrange.
Imaginez, coquins, le policier correct,
Le juge incorruptible et l’enseignant sélect...
Mon Dieu que de tracas ! Il faudrait être en règles,
S’acquitter de son dû, quitter les jeux espiègles !
Vous en êtes si loin ! vous, à l’oeil si fertile.

Plus sa larme est facile, plus vil le crocodile.

Aout 2012