Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Pascal Blaise BEBOUA

A ceux qui se croient grands (II)

Vous dites : — Moise c’est moi ! Je suis le guide ! —
Et vous nous prévenez, nous le peuple languide :
— Sans moi, c’est le néant ; après moi, le chaos !
Prenez garde ! Arpentez mon chemin sans cahots. —
Pour peu, nos myrmidons se proclameraient Dieu !
Mais leurs mots ne sont que blasphèmes compendieux,
Et témoignage à charge envers eux, fats damnés
Du pouvoir, que l’histoire a déjà condamné.
Tremblez, Messires, pendant qu’il en est encore
Temps ; le doigt divin, l’index des cieux montre fort
Bien vos forfaitures (ces indélicatesses
Que la scélératesse de votre noblesse
Mesquine n’a de cesse de surconsommer)
Et prédit le verdict public qui va sommer
Vos longs règnes frêles d’un pinacle funeste :
— Mene, mene, tekel — écrit la main céleste ;
Le Très-Haut a jugé et vous trouve légers.
De toute couronne vous serez allégés :
Votre destin puéril d’apprentis Pharaons
Tire à sa fin et vous proscrit du Panthéon.
Vous êtes Belshazzar au soir de son émoi
Et Nebuchadnezzar sur qui l’on s'apitoie.
Réveillez-vous de votre mégalomanie !
Arrêtez, marmousets, la hautaine manie
De rêver que le pouvoir mute en olympiens
Des êtres que la vie a fait lilliputiens.
Petits tyrans, c’est vos crimes qui sont épiques :
Vos mains basses sapent nos avenirs tragiques,
Vos sbires masquent vos plébiscites truqués,
Vos cachots font l'écho des libertés traquées.
Et vous osez penser qu’Amenophis revit
Quand vous levez le sceptre en souverains ravis !
Vous êtes plutôt notre malheureuse croix.

Plus le roi est petit, plus auguste il se croit.


Avril 2012