Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Noël VALLIER

Tendre compagne



Elle est une douce escorte souvent elle s’impatiente
De me voir si tordu par les affres du mal
Puis elle pointe son nez fréquemment par la fente
Que mon cœur et mes tripes entrebâillent à l’aval

Elle était là déjà au temps de la commode
Quand dans la tirelire du Grammont je mettais
Des pièces de un franc pour que viennent les modes
Ces factices besognes que les couleurs portaient

La mort me poursuivais je me souviens aux titres
D’un plaisir factuel alors que j’enfilais
Venus de Monoprix ces trésors un peu pitres
Mes premiers slips blancs jolis qui me moulaient

La mort était virile ce jour là dans la chambre
De cette allure neuve longtemps je contemplais
L’effet du tissu beau parfumé un peu d’ambre
Saupoudré par mes soins sur ma peau granulée

Mon père était parti dedans sa Celtaquatre
Tout petit je voyais la faux du mort portée
Par des mains invisibles qui me traînait dans l’âtre
Vers des cendres promises ces poussières destituées

Plus tard quand je marchais au soleil sur la route
Tellement près des marnes où les maisons doraient
Sous le soleil pointu vers les brebis qui broutent
De mes bonds sur les bornes la mort s’en amusait

Je ressentais si bien dans l’antre thoracique
De mon squelette frêle ces douleurs qui pointaient
En traversant mes chairs escortées par des cliques
D’abrutissantes aubades que leurs cris torturaient

Même quand le vent tiède et ses douces caresses
Dénouent ses brises tendres là où tremblent mes reins
Ce souffle délicat ces brises qui paressent
De la mort s’épouvantent malgré mes cieux sereins

Le ciel tôt ce matin inondait par les vitres
Sur mes bras apaisés que mon fauteuil portait
Ses onguents son soleil ses clameurs ses épîtres
Et une once de mort dans l’ombre qui s’embusquait

La chaleur sur mes bras que mes veines fragiles
Absorbe en gonflant leurs circuits saturés
Et par la lame abstraite sortie d’une gaine agile
Sur la plus grosse bleue je l’espère nacrée