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Michel MIAILLE

Chant royal pour célébrer le jazz

Un air joyeux vient d’envahir le monde
Et le ragtime éructe ses refrains ;
Une gaité, dans sa belle faconde,
Vient déverser un flot à quatre mains.
Le piano rit de ses éclats coquins
Quand Fats Waller rebondit avec grâce.
Un univers marque soudain sa place,
Un siècle installe un lot de sons nouveaux,
Des cris de feu comme autant de cadeaux,
Pour le plaisir, pour que le temps revête
Un ciel plus bleu, tout empli de joyaux,
Il fait si beau quand le jazz est en fête.

Duke Ellington à la mine féconde
Et son big band nous offre des festins,
Une musique au tempo vif qui gronde
Et préparant de joyeux lendemains
Puis Count Basie ouvre d’autres chemins
Pour parcourir, d’une allure efficace,
Des cieux swinguant, un étonnant espace.
Les musiciens sortent de leurs chapeaux
Des cris d’enfer aux accents peu banaux.
Avec les sons d’une belle tempête,
L’orchestre écrit mille chants sidéraux,
Il fait si beau quand le jazz est en fête.

Louis Amstrong à la tête si ronde,
Prend sa trompette aux éclats diamantins
Et fait frémir sa face rubiconde
Avec un chant courant sur les gradins
Ensuite Ella nous fournit des écrins
Avec des scats que son talent déplace
Et le public ravi qui lui fait face
S’exalte de ses délires vocaux,
Lui demandant sans fin d’autres morceaux.
Le monde exulte avec sa voix parfaite,
Au son des mots aux accents amicaux,
Il fait si beau quand le jazz est en fête.

Puis maintenant un autre chant inonde
Des jours volant dans de nouveaux matins.
Charlie Parker vient de lâcher la bonde
D’une musique aux aspects plus mutins.
Le renouveau court avec ses dauphins
Portant ce son qui quelquefois agace
Et John Coltrane offre sa volte-face
À ces cuivres debout sur les tréteaux,
Avec leurs sons très expérimentaux.
Le cœur heureux, sans victoire ou défaite,
Tous les joueurs distribuent leurs cadeaux,
Il fait si beau quand le jazz est en fête.

Enfin voilà que vient une autre fronde,
Courant la vie et ses divers terrains
Inexplorés, la route vagabonde,
Où pop music et autres chants urbains
Veulent courir sur d’audacieux tremplins.
Éric Dolphy démontre son audace,
Albert Ayler aussi se décarcasse,
Dans une époque oublieuse des maux