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Maryse GEVAUDAN

Enfant petite

Enfant petite tu cueillais
Des souvenirs de bien plus tard
Lorsque naïve tu sans fard
Croyais la vie démaquillée
A l'ombre des promesses tendres
Aux beaux fruits lourds de jus doré
Qui généreux te donneraient
Leurs bonheurs à ne plus en prendre.
Et puis te voici maintenant
Si vieille après les chauds espoirs
Qui doucement soir suivant soir
Ont fui plus rien ne les tenant
Dans le calme des jours égaux
Dans l'ennui vague des routines
Où se fondent les belles mines
Et la volonté des égo
Que ne viendront plus colorer
L'illusion candide d'antan
Ni la foi en de meilleurs temps.
Tous ces édens évaporés
Te tenaient-ils lieu de demeure ?
Très chers m'étiez-vous, souvenirs
Encore plus qu'eux, l'avenir,
Mais ces deux-là n'étaient que leurre.
Oui dans chaque occupation morne
Où s'emploie le corps machinal
ça ne lui fait presque plus mal
à force de cogner ses bornes.
Et l'amour si je m'en souviens
Etait le centre souverain
De tous les possibles -or je crains
De plus savoir ce qu'il devient
Comme tout ce qui disparaît
Dans les mailles de la vie lâche
Et qu'on voit sombrer sans qu'on sache
Retenir, si même on voudrait...
Et puis la nuit et puis une aube
Encore vient solliciter
L'être en nous qui veut exister
Malgré le sens qui se dérobe.