Elle ne viendra plus (suite de ''LA DAME EN BLEU'')
Trois heures un quart, La dame est en retard. L’homme en noir surveille l’heure, Il attend ce sourire enjôleur Qui fait battre son vieux cœur, Ultime vestige de ses ardeurs. Elle est si belle dans sa robe bleue Quand il la caresse du bout des yeux.
Mais aujourd’hui elle n’est pas là. Devant lui son café est froid. Il se sent abandonné et misérable Tout comme dehors le vieil érable.
Il est comme lui, fier, Et éperdument solitaire, Grand et majestueux, Mais aussi tellement vieux !
La dame de ses pensées Ne l’a jamais remarqué. Que cachait elle derrière ses paupières Pudiquement fermées à la lumière ? Des souvenirs d’antan ? Certainement, Nostalgie silencieuse Qui la laissait songeuse, Tandis que son pied menu en cadence Esquissait un charmant pas de danse.
Et lui ne se lassait pas de l’admirer, Au travers les volutes du thé Qui dessinaient des courbes étoilées Sur son visage au teint éthéré.
Mais elle ne viendra plus Dans ce petit bistrot démodé Qui fait l’angle de la rue, Tout près de St Germain des Prés. Elle est partie très tôt ce matin, Là d’où jamais on ne revient Dans sa main gantée de bleu, une photo. Celle d’un homme qui s’appelait Paulo.