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Martin DOWLE

Le saule pleureur

Un jour, fût-ce un songe ? Un rêve ? Je l’ignore !
Je me voyais, isolé, dans un bois au crépuscule.
Un automne précoce teintait les feuilles d’or,
Tandis que j’errais au pas d’un somnambule.

Un lourd silence glacé m’enveloppait comme une ombre.
Rien ne semblait réel mais pourtant je me voyais !
Isolé en ce bois, retiré, froid et si sombre,
Où à une croisée de chemins un saule pleureur pleurait.

Ce digne arbre puisait de la terre par ses racines,
Et de l’eau, dans un cours d’eau, la magie qui orchestrait
De limpides lamentations ! Elles s’élevaient ; tristes
Hymnes !
Contant d’antiques amours qui en ce lieu furent brisées.

Il me conta des misères, des malheurs et bien pire !
Il se lamentait sans répit, ressassant tous ces drames,
Disant : « L’arrogante jeunesse ne peut passer sans soupir !
Me tançant de préserver le souvenir de ces pauvres âmes.

De ces gens qui crurent pouvoir bâtir de leurs mains
Une destinée royale de richesses et de passions,
Mais ils oubliaient qu’aujourd’hui disparaît et que demain
Balaie tout, brise les rêves, sans aucune concession.

Mais je m’en allai stoïque, imperméable à la tristesse,
Pour courir, utopique, embrasser de fous espoirs.
Vivre dans une joie factice que des mirages d’amour
Caressent,
Mais immanquablement, à la lumière succède le noir.

Et demain arriva ! Et enfin je compris,
Que ce deuil, que ce saule pleureur célébrait,
Etait l’image précurseur de ma propre mélancolie.
Et dans son bois retiré, c’était pour moi qu’il pleurait !

Et je mourus là bercé par des chants de criquets,
Qui tricotaient de leurs pattes un requiem solennel,
Tandis qu’au loin le saule, encore plus triste se courbait,
Maudissant une fois de plus la vanité des mortels....

Conflans Ste Honorine, novembre 1997