Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Martin DOWLE

Etats damnés I (Des Bas Fonds à la Lumière)

Infecté ! J’avais la fièvre...

D’abord un bruit lourd, ronronnant, électrique.
Puis des spirales tournoyantes aux parois humides.
Déployé au dessous, un sentier mécanique
Pour descendre dans le cœur de la cité sordide.
Ensuite un labyrinthe de recoins en béton
Suffocants et malsains aux senteurs de suif ;
Odeur des incendies légendaires des bas fonds,
Ephémères, superflus, combustibles et chétifs !
Et dans ces viles couloirs, glauques, assommants,
Une populace bedonnante de sueur et de bière
Hurle ! Chacun d’eux interpelle un passant
Marchandant, aboyant, de bien sombres affaires !
Souterrain urbanique, gangrené à la moelle !
Il contient, grouillante, toute une nombreuse armée
D’étranges êtres qui, tous pressés, s’entremêlent
Pour former un vomissement, puant, excité !
Comme leurs étales étalées, sans hygiène, aux lambeaux
De porc, d’agneau ; tout très peu consommable !
(En fait répugnant !) Et aussi du sang par seaux
Puis des mets gélatineux renversés sur la table.
Ah enfin une lumière ! Un caveau en lueur !
Une église souillée au parvis sombre et gris.
Sur le flanc un abri, feux austères et chaleurs,
Et des silhouettes qui dansent et qui chantent et qui prient
« L’apocalypse ! », chantent ils, transis, hystériques !
A coup de tambours : « Jésus vit ! Il est roi ! »
Ils égrènent des slogans et des messes excentriques
Pour attirer les curieux, les badauds et les proies.
Derrière ceux-ci, cyniques, un cimetière, un trottoir
Côte à côte disposés. Est-ce pour mieux accueillir
Les victimes misérables de ces lieux si blafards
Qui bannissent l’optimisme pour mieux damner l’avenir ?
Des enfants ! des vieux ! (lies humaines léthargiques !)
Poussent des clameurs de détresse et de mal être !
Leurs regards traduisent d’effroyables paniques.
Leurs vies et linceuls pendent ensemble des fenêtres.
Puis décédés, édentés, érodés, leurs visages
Me fixent et me brûlent, m’appelant au secours.
Je ne peux plus caresser leurs taudis sans dommage ;
Leurs yeux m’aveuglent et leurs cris me rendent sourd !
Allergique ! Je dois fuir leurs pleurs trop scabreux,
Nager sur cette pente vers une haute évasion !
Vers un air purifié, sanctifié et vertueux...
« Vite à la surface et purgeons nos poumons ! »

Birmingham, Décembre 1998