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Mario FERRISI

Prima donna

C’est vrai, j’aime Paris et tous ces gens qui passent,
Mais je rêve de Bari et de ses grands palaces,
D’un verre de Sangiovese ou d’Alberobello,
D’une antique cimaise où j’ai vu un Giotto,

Je rêve d’une piazzetta avec un grand podium
Et de Nino Rota dans son auditorium,
J’aimerais m’évader, de l’endroit archaïque
Où je suis cantonnée comme un portrait biblique,

Et eux songent sans doute au mal qui m’exila,
Ils décrivent la route d’une belle prima donna,
De Florence en Toscane magnifiée par l’Arno
Par la via Aurélia, jusqu’à Fontainebleau,

Ils m’épient, m'examinent, en inclinant la tête,
Certains courbent l’échine, me filment à la sauvette,
Je souris à leurs frasques, pardonne leurs écarts,
Mais je garde le masque et mon statut de star,

C’est vraiment un régal d’observer ces plaisants
Se délecter de croire que j’existe vraiment,
Je savoure leurs louanges, j’esquisse un pieux merci
Et je souris aux anges avec un noble ennui,

Par moment ma synthèse va un peu au delà ;
Vers le coin Véronèse, « les noces de Cana »
Mais toutes ces figures, peintes dans un réfectoire,
Me gênent aux entournures pour mon repas du soir,

J’observe tous ces regards, si peuplés d’étincelles
Sur mon front goguenard et ma lèvre formelle,
On admire la Donna, dans un cadre, un tableau,
On m’appelait Mona, Lisa del Giocondo…