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Maéva JOLY

Ispahan (Arabesque).

J’aime tes longs foulards aux couleurs de l’hiver,
Qui s’imprègnent de toi, de tes parfums fleuris ;
Ces tissus orientaux se collent à ta chair
Et ton parfum pénètre en chacun de leurs plis.

Tes cheveux ondulés que le vent froid emmêle
Effleurent ton visage aux traits émerveillés
Devant ces paysages d’arbres nus et frêles
Dont la mélancolie vient s’étendre à tes pieds.

J’aime tes yeux de biche au fond desquels parfois
J’aperçois les rayons d’un soleil malheureux ;
J’y comprends l’infini des rêves d’autrefois,
J’y vois les dignes larmes de tes durs adieux.

Quelques flocons s’écrasent déjà sur ta peau –
Tu regrettes le ciel clair et bleuté d’Iran.
« - Souviens-toi, mon amour, de chacun de mes mots
À la senteur sucrée des roses d’Ispahan. »

Beauté venue d’ailleurs, le regard vers l’avant,
Tu n’oublieras jamais celui que tu aimais ;
Face à ton horizon, revient le rougeoiement
De ces astres rêvés aux lueurs des baisers.

Et les chants des femmes priant pour l’avenir
Alourdissent ton cœur, infiltrent ta mémoire !
Perdue dans les méandres de tes souvenirs,
Respirant la cannelle ou caressant l’ivoire,

Tu pleures, belle brune, as-tu besoin de moi ?
Tes voiles bigarrés autour de toi s’envolent…
Froissement des rubans ; le velours et la soie
Se mêlent tendrement, découvrant tes épaules.

J’aime ton teint hâlé dont la chaleur m’enivre,
Ces dessins au henné dont tu couvres tes mains ;
Comme les arabesques gravées sur le cuivre,
La peine s’est ancrée contre ton front d’airain.

Si parfois, allongée, l’encens et le jasmin
Te font songer à ses promesses éternelles
Qu’il esquissait si bien – ces palais, ces jardins
Aux fontaines d’argent, sublimes aquarelles,

Tu brodes les coussins du doux sel de tes pleurs ;
Tous mes présents ne valent l’un de ses sourires !
Et mes tapis persans, mes mille et une fleurs
Ne sauraient contenter ton âme de martyre.

Enluminure immense, calligraphie parfaite,
Ton charme m’apparaît comme une mosaïque :
Magnifique conteuse aux milliers de facettes,
Tu pourrais te briser, telle la céramique

Décorant les plafonds des temples merveilleux…
Peu à peu, tes secrets distillent en mon sang
Le désir de ton corps, trésor voluptueux !
J’aime tes longs soupirs aux arômes d’Orient.