Muse
O déesse de cuir, à la lyre sauvage,
Venant chanter, le soir, aux abords du rivage
La parole des Dieux,
Le guitariste seul entend votre murmure
Qu’il couche sous ses doigts et qu’il prend pour armure
Face aux remous des cieux.
Nymphe des temps présents, ange tombant des nues,
Des filles comme vous cent mille sont venues,
Mais, vous seule restez,
Et, d’un filon de feu fracassant la violence,
Votre voix féminine endiable le silence
Lorsque vous m’envoutez.
Compagne au cœur de zinc, épongeant ma mémoire,
A coups de décibels, vous entrez dans l’histoire,
Et n’en sortirez pas,
Fidèle camarade, aux ailes de mystère,
Vous crachez sur l’enfer qui réside sur Terre
Et mitraillez ses pas.
Muse, vous comprenez mes cruelles souffrances,
Tout en recouvrant d’or les belles espérances
Aux diapasons rêveurs,
La lueur de vos yeux illumine les brumes
Où le doute est de plomb, où les peines sont brunes,
Où rouges sont mes pleurs.
Amazone tatouée, ô tendre inspiratrice,
Vous accordez le la soignant mes cicatrices
Et pansant mes regrets,
Et, lorsque vers minuit, vous regardez la lune,
Vous savez deviner, c’est là votre fortune,
Le sens de mes secrets.
Amie, emportez-moi vers l’île chimérique,
Où le vent dans les airs met le sol en musique
Et brise les rochers,
Et, laissez-moi vibrer sur la corde éternelle
Où le soupir se perd en la note charnelle
De nos corps enlacés.
