Comme un ami vaincu, couché au sol à demi-nu Je vois des lits de pierres sombres Où dorment ces heures perdues Implorant les hommes et leurs ombres Enfouies sous les noirs catafalques Des pieuses et fragiles prières Saupoudrées là comme on talque Par les soldats de naguère
Prégnantes et grises nuits de cendre Étreignent mon âme au froid silence Du triste chant des aulnes tendres Aux sèches branches qui balancent Tordues au vent trouble et glacé Ourlant mon cœur et tout mon être Des souvenirs et des regrets Qu'un peu de nous aura fait naître
Pardon pour l'outrage et l'oubli Le simple et merveilleux amour Des enfants rouges de sève et de vie Jouant avec bruit dans nos cours Les gorges blanches des femmes Pêches de chair mûres et rosées Dont nous mourrions, chemin des dames Ami, toi et moi enlacés.