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Laurent CARON

Prométhée

Las, las, qu’il était loin l’or du soleil d’été
Qui repoussait longtemps les ombres de la nuit
Et caressait la fleur, l’abeille et puis le fruit.
Mais où était passé le joli temps d’aimer.
Las, un disque d’argent depuis donnait le jour
Et une brume humide en gommait le contour.
Il fuyait les ténèbres et tôt dans la journée
Tirait sur lui son drap. La Terre semblait alors
Dans un gouffre sans fond, tomber, tomber encor.
Et dans ce grand vertige, dans cette obscurité,
Dans ce silence sans nom, un vieux loup aboya.
Il riait dans la nuit et chassait dans le froid.
Serrés les uns aux autres au fond de leur caverne
Les Hommes se rassuraient au contact de leurs armes,
Chantaient le temps perdu les yeux rouges de larmes.
C’était le temps alors où le gibier hiberne.
Une ombre parmi les ombres il se dressa soudain,
Il voulait la lumière et la chercha au loin.
Longtemps, sans relâche, seul, il poursuivit son dieu
Le suivit dans sa course toujours vers l’occident,
Et puis un jour enfin atteignit son couchant.
Il vola au soleil le secret de son feu
Puis courut vers les siens, rapporter la lumière.
Mais dans sa course folle, comme des grains de poussière
Il sema des flammèches qui filèrent dans la nuit
Et déchirèrent l’hymen de ce ciel inviolé.
Le soleil réveillé, tout d’abord chagriné
Pardonna ses enfants et donna une amie.
Le loup pointa alors son museau vers la lune
Pleura longtemps la nuit et tient encore rancune.