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Laurent CARON

La Petite Indienne

C'était dans une ville nommée San Cristobal
A l'ombre des murs jaunes de la vieille cathédrale,
C'était au zocalo, cette place centrale.

Elle vendait des stylos et n'avait pas sept ans.
Il y avait ses yeux charmeurs et pétillants,
Ses habits colorés et son air si charmant.

C'était sous les arcades, vendant des pacotilles,
De naïfs personnages sur des stylos à billes
Que m'aborda ce jour une petite fille.

Charmé par cet enfant, je m'arrêtais alors.
Ravie de l'attention, elle montra son trésor :
Une chouette ici, là, un alligator,

Un serpent enserrant le bout de ce stylo
Pour un autre ici, terminé d'un oiseau,
Et puis tout excitée, elle me quitta d'un saut.

Elle voulait me montrer toute la collection
Et me planta ainsi chargé de ses crayons
Surpris de son départ, un peu gêné au fond.

Mais elle était ainsi, vous donnait sa confiance
Et malgré son état gardait son innocence
Mais n'est-ce pas le don de la petite enfance.

Elle revint bien vite, rouge d'avoir couru
Dans sa petite main d'autres stylos tenus
Dont un parmi les autres, quelque peu incongru.

Un petit personnage, dans chaque main un colt
Dressé sur son stylo, incitait à révolte
Les paysans indiens courbés sur les récoltes.

Je lui demandais donc le nom de ce féroce.
Elle s'anima d'un coup et de sa voix de gosse,
Dans un sourire elle dit : "Le commandant Marcos !"

Son visage irradiait une fierté heureuse,
Ses yeux brillaient du feu de sa race orgueilleuse
Il était son héros dans la lutte valeureuse.

Je décidais enfin d'acheter trois stylos,
Un toucan, un serpent et celui du héros,
Et dans sa main menue, donnais trop de pesos.

Elle compta devant moi, et n'en crut pas ses yeux
Me gratifia alors d'un sourire lumineux.
Pour ce que j'ai reçu, j'ai donné bien trop peu.



San Cristobal de las Casas (Mexique, juin 2002)