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Julien BOUCHARD-MADRELLE

Perplexité,

Je dis la vie, la mort, les astres qui scintillent,
Je dis la pâle aurore et la douce charmille,
Je dis le papillon aux ocelles nacrés,
Je parle des amours et de l’Art, si sacré ;
Je dis qu’il est partout quelque chose de beau :
La beauté d’un regard brillant tel un flambeau,
La beauté d’une fleur, d’un grillon domestique,
De la mer souffletant les rives granitiques !
Je veux peindre les pleurs, les douleurs de ce monde,
Mais aussi les bonheurs, les ivresses fécondes
Et moi qui ne suis rien au sein de l’Univers,
Je suis là, éphémère, et lui offre mes vers !

D’où me vient ce besoin, devoir irrépressible,
De conter le concret, de conter l’invisible,
D’écrire, écrire encor, fougueux, toujours écrire,
De célébrer l’oiseau, les temples de Palmyre,
De réveiller un mythe et lui redonner vie,
De redresser les murs de la ville engloutie
Et d’Illion la fière où Cassandre a pleuré ?

Quelle muse en mon front est venue demeurer ?
Pourquoi m’avoir choisi, moi si simple et rêveur,
Si empli d’espérance et si empli de peur ?

Ô merci, vie sacrée de jeter ces tempêtes,
Ces inspirations au profond de ma tête !
En les sentant, souvent souffler sur mes pensées,
Je sens aussi mon cœur qui bat, et, enchanté,
Je me sens bien vivant, je me dis «  Cet esprit
Qui loge dans mon front, c’est l’esprit de la vie !
Comment peut-il mourir ? » Et je crois à l’ailleurs,
Aux sphères inconnues où l’âme après les pleurs
Peut vivre dans la paix et pour l’éternité
Aux côtés de ces cœurs qu’elle avait adorés !

Je veux croire du moins que l’esprit ne fuit pas
Dans le néant obscur lorsque vient le trépas !
Ô pensée, d’où viens tu et de quelle chimie
Es-tu le résultat, miracle, vraie magie ?!
La pierre est éternelle, or elle ne sent rien !
Nous autres nous pensons, c’est le plus grand des biens !