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Julien BOUCHARD-MADRELLE

Des fantômes aux Tuileries ( suite et fin )

Voilà que devant moi
Je vis ressusciter le palais qui brûla :
D’abord les fondations, puis les murs, puis les toits
Tout s’assembla, superbe et puis s’illumina !
Un instant j’aperçus derrière les fenêtres
Un bal plein de couleurs. De nouveau j’entendis
Le son du clavecin. Mais d’un coup tous ces êtres
Ces pierres et ces bruits sombrèrent dans la nuit.
J’étais seul à présent dans le jardin désert
Et me frottais les yeux, croyant avoir rêvé.
Plus de cour, de palais, j’avais le cœur amer.
Quel dieu m’avait ainsi cette nuit éprouvé ?

Je me levais enfin après avoir cherché,
Le cœur encor battant, la lèvre encor tremblante,
Une dernière fois les spectres du passé,
Murmurant « vision, vision surprenante ! »

Les grilles du jardin étaient encor ouvertes
Et je pus regagner la Concorde ; un instant,
Je cru que j’allais voir sur la place déserte
Un échafaud, un roi prêt à verser son sang,
Un peuple retenant sa respiration
Devant l’homme dressé, criant « je vous pardonne ! »,
Mais rien de tout cela !
« Etrange vision
Murmurai-je en marchant, dans ma tête résonne
La voix de l’Empereur et je crois voir encor
Marie-Antoinette, la digne souveraine.
Sont-ils donc revenus du royaume des morts ?
Que faut-il de cela, hélas, que je comprenne ? »

Mille questions roulaient dans mon esprit brumeux.
Il est vrai, j’avais bu avec quelques amis
Un peu plus qu’il ne faut. Troublé et soucieux
Je retournais chez moi, me couchant à minuit.

Le lendemain matin, ce fut une évidence :
A peine eu-je entrouvert mes yeux, je m’exclamai
« Il nous faut rebâtir ce vieux palais de France !
Ceux qui sont passés là, enfin seront en paix ! »