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Julien BOUCHARD-MADRELLE

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A Jean d’Ormesson




Il faut chercher toujours, il faut chercher encore
Des mots qui se marient et qui, main dans la main,
S’embrassent tendrement et tendrement s’adorent,
Des mots formant un tout, n’existant pas en vain;
Car il leur faut vraiment une raison de vivre :
Il me faut ressentir l’impérieux besoin
De créer, de bâtir, ou ne pourrais poursuivre,
Ce que la muse, en moi, ne demanderait point !

C’est torture parfois que de chercher en vain,
Un souffle inspirateur : on sent son cœur se rompre !
Mais écrire sans but, c’est pétrir sans levain,
C’est dévoyer son art, lourdement se corrompre.

Alors quand tout se tait, que la muse est muette
Au lieu de la forcer pour n’en tirer que cris,
Autant chercher un peu a faire la conquête
De nouvelles saveurs pour de nouveaux écrits.

Écouter tout d’abord le vent dans les branchages,
L’aquilon murmurant dans les peupliers trembles ;
Le regarder ensuite effacer sur la plage
Les empreintes de pas des gens qui vont ensemble .

Écouter longuement le doux chuchotement
D’une source où l’oiseau vient se désaltérer;
Observer l’hirondelle au sein du firmament
Et rêver de voler, vraie flèche, à ses cotés !
Ne point quitter des yeux l’azur de la grand nue,
Projeter ses pensées dans l’étendue géante ;
Quand un nuage passe, imaginer dessus
Qu’une ville est bâtie, une Rome volante !

Marcher sur les chemins au temps des floraisons
Et voir tous les bourdons se botter de pollen !
Regarder trottiner le peureux hérisson
Et goûter l’air du soir quand est ronde Silène.
De la vive alouette écouter l’ariette;
Sous les monts enneigés, dans l’alpage, dormir;
Et plus que de coutume, aux amis faire fête :
S’enivrer de leurs voix, contempler leur sourire !

Au bord de l’océan, sans fin se prélasser
Et des vagues sans nombre, écouter, recueilli,
Le chant régulier, la douce mélopée,
Et par l’apaisement se sentir envahi.

Aller à l’Opéra pour émouvoir son âme.
Comme dans ces romans que Dumas sut bâtir ;
En lui portant secours, rencontrer une dame ;
La courtiser, l’aimer, sentir son cœur frémir !
Près d’elle oublier tout et chercher dans ses yeux
Des mots qu’ignore encor le langage amoureux :
Se rassasier d’elle, être tendre et fougueux
Et passer cent journées dans ses bras langoureux !