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Jean-Pierre LASTRAJOLI

Ze Prose. Un Jour comme les Autres (début)

(A Santa)

J'ai vu ton cercueil.
Un beau cercueil en bois verni,
Lisse comme un pétale de rose, froid comme le marbre.
Six cierges brûlaient,
éclairs dansant sur le crucifix de bronze.
Dans l'église, en face de l'autel,
Tu reposais.

Petite rouquine que j'appelais Clémentine,
Tu es passée discrètement.

Nous ignorons le soleil et la pluie :
C'est lorsqu’ils viennent à manquer
Que nous les regrettons ;
Alors, les mots que nous n'avons pas dits,
Les marques d'affection,
Coulent comme un remords sur nos joues.

Dans l’église, près des couronnes,
Je n'ai pas compris ;
Les voies du Seigneur sont impénétrables, dit-on.
Mon Dieu, quel plaisir,
Quelle excuse pour justifier ces morts,
Ajoutés à l'éternel flot de victimes innocentes ?

Et tous ces salauds qui survivent
Et qui traînent leur carcasse,
Comme un pied de nez à la justice des hommes.

Petite rousse aux yeux clairs, tu n'as pas connu la Vie.
Ton enfance a été heureuse, certes,
Mais tu a subi son cours, et c'est presque au moment
Où tu allais décider de ton existence,
Que son fil a été brisé,
Aussi brusquement qu'un claquement de doigts.

Les responsables seront jugés, peut-être,
- quoique j’en doute - ;
Mais, ce n'est pas la haine qui domine :
C'est l'amertume.
Car, ton chemin s'est arrêté là,
Et certains t'ont suivie :
Vous ne reviendrez pas ;
D'autres ne marcheront plus,
Sans oublier ces plaies qu’on ne voit pas.