Ze Prose. Sur les Quais du Vieux Port
Sur les quais du vieux port, je traîne sans envie,
Aux heures apaisées de la profonde nuit ;
L'écho mat de mes pas résonne,
Répété par les murs décrépis,
Comme un tambour nocturne.
J'admire dans les airs, autour des lampadaires,
Quelques chauves-souris,
Dans leur vol silencieux, aveugle et si précis,
Qui perce sans arrêt, le curieux halo bleu
Au teint fantomatique.
C'est un ballet prenant,
Parfois même inquiétant, quand,
Poursuivant sa traque, une d'entre elles fond sur moi
Obstinément, paraissant m'attaquer ou encor m'ignorer,
Et que le choc, alors, me semble inévitable.
Au tout dernier instant,
Elle s'écartera,
Me laissant apeuré, le corps tendu, crispé,
Statue figée soudain, sur le trottoir humide.
Enfin tranquillisé,
Je poursuis ma quête désœuvrée ;
Je dévisage en vain les cieux inanimés ;
Pas une étoile en vue,
Pas un astre qui brille.
Les lumières de la ville ont avalé l'espace,
Effacé sans pitié toute constellation,
Limitant l'infini aux murs de la cité,
Aux silhouettes grises des cubes agglutinés,
Sans un espoir d’Orion.
Et je vais, et m'enfonce dans la profonde nuit,
Donnant un coup de pied,
Triste et désabusé,
Dans la rouge capsule d'un quelconque soda.
Cette capsule roule, et roule encor sans fin,
Dans un bruit métallique,
Dessinant sur la pierre sa danse concentrique,
Qui déchire et soulage du silence angoissant
Du vide et des ténèbres,
Sur le pont déserté de ce vaisseau de pierre
Croisant dans l'espace, en un vol étouffé.
