Lorsqu’on marche le soir, Dans la dentelle argentée des feux lunaires, Sous les châtaigniers complices des rêveurs Et des amoureux, Les pas mènent le promeneur sur la route se lovant Sous un caveau qu’on néglige.
C’est dans cet oubli sylvestre que tu dors, Amie des beaux jours, au sourire si doux. Les hivers te percent les os Et les étés ne te réchauffent plus.
Et nous marchons du pas oublieux des égoïstes, Le regard fixé vers l’horizon des mornes lendemains Et de leurs feux mensongers, Sans nous retourner sur ce qu’on a aimé ou apprécié.
Sur le marbre noir sont gravées deux dates, Dont une affreuse, qui sonne comme un couperet, La main d’une Parque tranchant. Le fil de ta vie devait être aisée à dévider Puisque vint si prestement son terme. Les branches du châtaignier retombent pesamment Pour protéger ton ultime demeure, Lourdes comme des regrets.
A la fête du village, tu souriais pourtant, Et c’était déjà bien. Un petit sourire triste. Sans doute pour nous faire plaisir.
Qu’aurait-il fallu dire pour changer le cours des choses ? Qu’aurait-il fallu faire ? Ces questions me hantent lorsque je passe en ce lieu. Sans doute rien. Tu savais déjà et tu avais pris ta décision. Un horrible choix Qu’un fusil de chasse et des chevrotines. J’en frissonne encor.
Le promeneur passe en ce lieu, insoucieux, oublieux. Les feuilles tremblent sous la caresse d’un vent glacé. Où vont les amis, lorsqu’ils nous quittent ? Et surtout pourquoi ? Ces questions, jamais, n’auront de réponses, Hélas.