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Jean-Pierre LASTRAJOLI

Ze Prose. Le Dieu Obscur

Le jour n'est qu'un oubli étincelant de pacotille.
Une absence de nuit ;
Le noir félin sommeille dans sa tanière fétide.

Le jour peut parader, dans la place déserte
Et trompeusement brave : il sait son temps compté.
Le fauve repose dans son alcôve,
Le poil luisant d'une bleuité sombre.

Le faux conquérant précipite sa course vers les montagnes
Pour y trouver refuge, car il a entendu gémir,
La paupière encor close, l'animal qui s'étire,
Extrayant ses griffes tranchantes comme la faux.

Le fuyard a beau faire, d'un coup de patte habile,
Le fauve ensanglante l'azur faussement pur,
Et le jour se cache, en léchant sa brûlante blessure,
Dans les fourrés luisant d’un ultime incarnat.

Partout des feux s'allument,
éclats de lune et poussière d'astres,
Ensemençant le pelage d'un bleu obscur.
Le noir félin rugit, rappelant à l’infini sa suprématie.
C'est lui qui était à l'origine,
Et c'est lui qui sera à l’ultime.

Et les génies, comme les anonymes,
Les grands de l'histoire et les besogneux,
Les plus beaux écrits, les plus belles pensées,
Les dits et faits vômis des plus sombres bassesses,
Toute cette énergie vainement déployée
Pour tenter d’allumer la dérisoire torche,
Pauvre falot pâlot,
Oui tout sera réduit en cendres stellaires…
Anéanti.

Ailleurs, un nouveau jour viendra sur un essai naissant,
La vaine tentative d'endiguer l'hégémonie
Du seigneur nocturne.

Ailleurs, de nouveaux faits et dits inoubliables
Offriront la pyrite dorée d'éternité,
Et le fauve amusé feulera de voir
Des fourmis lutter en pure perte,
Jusqu'au moment fatal où il sera blasé.

Encore.