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Jean-Pierre LASTRAJOLI

Ze Prose. La Sublime Ignominie

Le Prince des dandys sur sa lyre s’amuse.
Il pétrit dans la fange un humain imparfait,
Comme l’original, toujours insatisfait,
Jamais reconnaissant.

Son testament d’or fait, il livre sur l’autel,
En fiancée sacrifiée, son âme toute nue,
Tremblant encor d’effroi sous le froid et funeste
Contact du fil tranchant de cette plume acerbe,
Soumise au maître verbe.

Il extrait tel un suc, un élixir maudit,
Le venin de ses veines, ce poison lent
Brûlant et glacé à la fois, tel un feu de saint Elme ;
Il le livre en pâture à ce troupeau bêlant
à l’ombre des clochers, qui n’y comprendra goutte,
L’âme ivre d’eau bénite, malgré le bon Anselme.

On s’offusque, on s’offense devant ce noir miroir ;
C’est un reflet sans fards,
Sombre comme l’ébène,
Autant que le vrai sombre,
Naufragé des Sargasses que ce portait agace,
Prisonnier de la nasse des vaines certitudes,
Refusant sans espoir la triste vérité.

L’ange déchu préfère jeter Orphée aux fers,
Aux quolibets offert,
Mettre en place publique son cœur au pilori
Et livrer ses écrits maudits et hérétiques
Aux flammes salvatrices de son enfer céleste
Qu’il nomme autodafé.

A l’encre inféodée des journaux de grenouilles,
Qui jamais, non jamais ne défit garrot,
On assassine un Prince.

Son front est marqué du sceau de l’infamie,
L’empreinte du fer rouge,
Bâton de maréchal et quartier de noblesse
Des âmes égarées en des âges obscurs,
Formant pour toujours les vrais légions d’honneur.

Se vautrant dans la fange, le Prince de l’étrange
Par ses jeux dérange tous ceux qui croient qu’on range
L’âme comme une pièce, en cachant la poussière
Sous un tapis persan.