Partout des poings rageurs et partout cette haine Un troupeau inconscient comme une crue soudaine Comme un torrent furieux aux ordres d'un faux dieu Dans le lit noir des rues vomit son flot hideux Charriant un pâle espoir habillé de rancœur Un passé embelli qui se nourrit de peur Oh qu'ils sont grotesques ces orateurs haineux Comme des adjudants impressionnant les bleus Ces nains de la pensée se prétendant géant Excitant les mutins quand gronde l'océan
Partout la même angoisse et partout cet instinct De suivre un faux messie sur son chemin mesquin Du haut de son rocher il peint des lendemains Beaux comme nos hiers nos faux passés défunts Et la foule applaudit et se prend à rêver D'un pays redressé d'un espoir retrouvé Il joue un air de flûte entraînant les enfants Sur les sentiers gluants et des sables mouvants Il parade devant ce prétentieux cador Tenant entre ses mains la boîte de Pandore
Partout ce fanatisme et partout l'anathème L'étranger ce serpent est le démon suprême Pour qui du Paradis un doigt nous a chassés Si l'avenir fait peur dans le sein du passé Comme un enfant tremblant quand gronde le tonnerre On se cache agrippant la robe d'une mère Tous les politiciens avides de pouvoir Nous ont abandonnés dans le froid et le noir Et des aventuriers ont pu nous faire croire Que leur maigre bougie dans la nuit est un phare