Tout au cœur de l'été dans l'air chaud et pesant Soudain, de gris nuages présages inquiétants Obscurcissaient le ciel et annonçaient l'orage Dans l'azur endeuillé zébré d'un feu de rage
Et lors de ces fureurs passagères bruyantes Nous attendions craintifs dans la clarté fuyante Que la foudre et le feu la colère de Dieu Soient enfin remplacée par un soleil radieux
Alors nous descendions impatients délivrés Afin de respirer afin de s'enivrer De l'odeur subtile de la terre mouillée Ouvrant le lourd porto aux charnières rouillées
Nous regardions couler un petit ruisselet Tandis qu’il évasait l’éphémère filet Nous marchions tout joyeux dans ce courant soudain Ainsi que des géants dans le torrent des nains
Nous admirions songeurs l'arc-en-ciel merveilleux Déclinant ses couleurs dans le ciel camaïeu Les flaques boueuses masquaient-elles le vide D'un gouffre hideux et noir plein de monstres livides
La sandale en plastique entrait en frémissant Dans l'eau trouble et glacée avec ravissement Nous détournions le cours marron des eaux de pluie Vers de noires fourmis régiment ennemi
On s'amuse de rien on s'amuse de tout Le temps coule sans fin quand on est jeune et fou