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Jean-Paul CANDY

Piste cyclable

C’est une vraie tranche de vie que ce morceau d’asphalte
Bien tracé, délimité,
Peut-être de peur que l’on s’en écarte
Qu’on passe un jour de l’autre côté,
Qu’on sorte de ce fameux couloir
Qui semble là pour nous guider,
Mais qui parfois nous en fait voir
Un peu de toutes les couleurs,
Suivant les jours, suivant l’humeur,
Et il y a des jours parfois
Où l’humeur aimerait changer de couleur…

Il y a des jours parfois où sans savoir pourquoi,
On pressent la galère
C’est d’abord la crotte de chien,
Juste à côté du réverbère
Mais que bien sûr on n’a pas vue,
Et on s’en mettra plein les doigts
Quand dans deux jours on ne saura plus
Pourquoi subitement ça ne freine pas
C’est sûrement le chien du vieux là bas,
Il mériterait de se faire engueuler
Mais on sait qu’on n’a pas vraiment le choix,
Si ce n’est celui de râler…
Plus loin il y a la voiture mal garée,
Les rétros bien rabattus,
Pour soi disant moins gêner,
Se donner des airs de vertu
Alors tant pis pour le pantalon,
On frotte un peu plus côté haie
De l’autre côté de toute façon
Il y a une poubelle renversée
Même si c’est du pyracantha
Et qu’on va se piquer les mollets
On sait qu’on n’a pas vraiment le choix,
Si ce n’est celui de râler…
Encore plus loin c’est les piétons,
Sûrement dans un demi-sommeil
Bien sûr ils marchent à trois de front
Le baladeur sur les oreilles
Ils ne vont pas m’entendre arriver,
Faudrait actionner la sonnette
De toutes façons il ne faut pas rêver
Ils ont de la musique plein la tête !
Alors je suis, ne sachant pas
De quel côté je pourrais doubler
Je sais que je n’ai pas vraiment le choix,
Si ce n’est celui de râler…

Et puis il y a des jours parfois, où sans savoir pourquoi, t
Quand le vent dans le nez on a le cœur léger
Face au soleil levant
Quand tout au long du chemin on a tous les parfums
Que le vent nous apporte
Chèvrefeuille, églantine, tilleul ou mandarine,
Parfois même bergamote
Quand on croise un chaton sur le seuil d’une maison
Qui s’étire au soleil
On se dit que c’est bon toutes ces sensations
Qui font qu’on s’émerveille