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Jean-Marin SERRE

Toi dont le nom seul reste encore debout (BAGDAD)

VILLE
Des mille et une nuits et des douleurs sans nombre,
Cité dont le nom seul reste encore debout,
Mère des tapis volants et des tapis de bombes,
Que le Tigre au soleil dénie de bout en bout ;

Toi, ville aux yeux rougis du sang des innocents,
Cité aux eaux noircies de l’encre des savants,
A la peau lacérée par les sabres mongols
Et le corps enserré dans le sable qui colle ;

Tes Califes abbassides ont été abattus
Et de tapis cousus on les a revêtus,
Les crânes en pyramides ont été érigés :
C’est le prix à payer pour devenir sujets.

Ce prix, tu le connais, du Couchant au Levant,
Le tranchant de la lame caresse ton cou maigre,
La peur, amie fidèle des enfants morts-vivants
Ouvre sa bouche bleue et crache son vin aigre.

Ô grand Khan, tu peux rire, du fond de ton enfer,
Ton digne successeur vient d’honorer la Terre
Et peut-être, d’ouvrir de longs siècles de fer,
En Croisé de la haine, dont la bêtise atterre.

Bagadadies, Bagdadis,
Allah nous l’a bien dit :
Pour qui sème le vent
Soufflera la tempête …

C’est le temps de l’Avant
Et de lever la tête.


2003