Je suis retourné seul sur la terre des cygnes, Là bas où, joncs brisés, leurs anneaux faisaient signe A mon printemps, posé au bord du lac de Tendre, Près du saule courbé où tu aimais t’étendre.
Et j’ai vu dans le ciel, leur nuée s’éloigner, Comme un cœur qui battrait pour ne pas s’arrêter De voler au plus haut ; de voler jusqu’au sein Du bonheur que la vie nous promet le matin.
Je me suis arrêté à l’ombre de ton ombre, J’ai volé au nuage quelques gouttes de larme, Et tandis que l’orage menaçait les cieux sombres, La foudre de tes yeux a frappé comme une arme.
A frappé mon cœur nu d’un éclair inconnu… D’un éclair inconnu qui jeta sa lumière Sur demain, qui vaincrait l’amertume d’hier. La foudre de tes yeux illumina les nues.
Jamais ne reviendrai sur la terre des cygnes Qui compte les printemps qui séparent les vies. Jamais je n’oublierai cette douleur insigne Qui perça d’un soleil que le temps éteignit.
Que le temps éteignit, que le vent emporta, En grands anneaux brisés qu’un poète chanta.