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Jean-Marin SERRE

Bris de vers

Le silence de sélène

Sur la peau de la ville, il flottait un rayon
Découpant un carré de silence profond
Dans la chambre d’hôtel où je veillais debout,
Tel un mendiant d’amour espérant quelque sou.

La Lune était levée, silencieuse et nue.
L’horloge me disait mon imbécile espoir
D’entendre enfin ta voix, ne serait-ce qu’un soir...
Certains pourtant vivaient, qui riaient dans la rue.

Trois heures du matin. La lune, toujours silence,
Se joue des Romeo et fait danser ma plume.
Je suis son numéro ; au loto de l’absence,
J’ai tiré le gros lot, celui de l’amertume.

Les reflets épuisés que la Lune dévoie
Ne sont que les échos de la mort du Soleil,
Des fantômes de jour que ton amour envoie
Mettre en bière nos cœurs, pour leur dernier sommeil.

Tu es terre sélène, de poussière et de glace.
A travers le carreau vibrant de solitude,
Tu écumes le ciel de ton monde où trépasse
Une étoile oubliée, de faible magnitude.

Une étoile qui meurt de t’attendre en douleur
Au carrousel des heures, qui fuient éperdument ;
Comm’ tu fuis loin de moi, vers des jours de malheur,
Vers demain qui est mort, et qui pourtant, nous ment.

T., Avril 2005

***

DEMAIN

Demain ... Demain ! Demain ? Demain, frère d’hier ...
Serai juste plus seul, un peu plus délétère ;
Justes un peu plus près du Jour où l’on me damne ;
De la terre profonde où gémissent les âmes.

Demain, il fera nuit, comme hier, pire encore !
Et je saurai la peine d’à peine avoir un corps,
Malingre et souffreteux, debout par la mémoire,
Mais couché dans le noir, et veuf de tout espoir !

Demain, je jetterai mon habit de poète,
Demain, statue muette, tu donneras aux chiens
Nos vers, tous nos enfants, et mes vers, et les tiens !
... Que le Soleil oublie ... de se lever ... demain !

T., Avril 2005

***