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Jean-Marc BUTTIN

Un chant plein de mystère.

Je suis resté plus de cinquante ans sans le voir
Et voilà qu'en deux années, j'en ai croisé deux.
Y-a-t-il un signe du destin à y voir,
Ou alors, une plus grande acuité des yeux?

Existe-t-il des faits demeurant étrangers
A nos vies, que nous croisons sans autre suite,
Tels des phénomènes nous heurtant de plein fouet,
Aux origines exotiques fortuites?

Avoir froid sous un énorme orage d'été.
Prendre du savon dans l'oeil pendant la douche.
Glisser en ville sur un trottoir verglacé.
Sentir le frisson né d'un désir farouche.

Autant de phénomènes aux causes connues,
Qui viennent directement impacter nos vies,
Qu'un lien direct noue à ce qui nous est connu,
Qu'on accepte sans autre forme de déni.

C'est au printemps, qu'on entend chanter le coucou
Migrateur, qui confie sa progéniture,
Destinée à prendre en otage, sans le sou,
L'attention bienveillante sous forfaiture.

Mais entendre le coucou demeure banal,
Quand on prend le temps de courir la campagne
Les jours d'avril, à l'éveil du monde rural,
Aux baisers sève chaude d'une compagne.

Voir le coucou en avril est phénomène,
Dont les causes sont bien connues, sans mystère.
Il suffit d'être là, quand il s'y promène,
De regarder le ciel, plutôt que la terre.

Jai regardé le ciel plus de cinquante années,
Au chant printanier de l'animal de plumes,
Sans le voir jamais de ses coucous répétés.
L'invisible donne au temps son amertume.

Voilà qu'il se donne à voir comme un artiste
Jouant sa partition en pleine lumière,
Et soudain, mon regard se fait un peu triste.
J'aimais rien tant que son chant plein de mystère.