Vos
poèmes

Dans les baies vitrées, teinte fumée,
Lisses, comme une lame d'acier
A débiter d'un fil acéré
Les passants aériens sur leurs pieds,

Les glaces' ondoient le paysage.
Elles rêvent leurs reflets dans la rue,
Ecran silence des passages
De désirs en destinées tenues.

Un miroir, comme un ciel gris d'été,
Tremble d'une eau qu'une onde trouble.
Dans l'épaisse moiteur etouffée
De la ville, je me fais double.

Sur la façade, mur de glaces,
Glissent les formes des gens pressés
Tenant le temps, d'instants fugaces,
Spectacle muet d'éternité.

Je croise cette silhouette,
Vide des désirs qui m'habitent,
Décharnée tel un vieux squelette.
Sur un mur brûlant, elle' s'agite.

La ville se cache. Sur les murs,
Furtives, les âmes s'échappent
En silence, vers des lieux plus sûrs,
Derrière' les vitres, qui les happent.

Je respire un air canicule,
A la braise du désir de toi.
Je marche, pantin ridicule.
D'un ciel de plomb, la ville me broie.