Pourquoi s'essayer à la bonté gratuite, Quand on peut jouir à satiété du bon grain De délicieuses saloperies fortuites, Qui s'offrent chaudes et nues au cours du destin?
La morale, me direz-vous, et l'éthique, Gardiennes du grand temple des savoir-vivre! Bien fades, maigres et éculés viatiques, Aujourd'hui impropres à la joie de vivre.
Le temps est à la jouissance sans borne. Bien sot, celui qui s'engage à contre-courant, Tel un ermite sceptique aux jours bien mornes. Il moisira de sagesse, ivre de vent.
Qui serait assez fou pour rembourser le Fisc Du trop perçu de l'erreur d'un de ses agents? Qui accepterait de se compter dans les risques' Dégâts collatéraux de dysfonctionnements?
J'ai pratiqué longtemps ces austères vertus, Jusqu'à être la risée de tristes amis, Qui s'égayaient de me voir vivre si pointu. Je déplore amèrement mes vieux appétits.
Ils m'ont conduit aux tristes regrets, de chagrins Manqués à rester toujours fidèle aux vertus. Aujourd'hui, spectre désuet sans lendemain, Sous les oripeaux de morale, je vais nu.
La bonté gracieuse n'a d'autre long chemin, Que la gloire lumineuse, de se savoir A soi-même respectable de son destin, Sans autre pensée que de toujours s'émouvoir.
Je suis jouisseur de morale assassine. A trop vouloir toujours profiter des vertus, Qui font des amours les heures clandestines, Je pose aujourd'hui les mains sur leurs jolis culs!
