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Jean-Marc BUTTIN

Homme occidental du vingt et unième siècle.

Les gens heureux m'indiffèrent,
Tout comme les cours de bourse,
Le devenir de la Terre,
L'eau de pluie ou l'eau de source.

Je voudrais être heureux, mais je ne connais pas
Le mode d'emploi de ce bonheur tant vanté,
Savoir jouir de la vie, rire à contre pas.
Je n'ai pas trop envie non plus de me forcer.

Les gens malheureux me font peur,
Ainsi que les va-t-en guerres,
Les profileurs, les performeurs,
Tous les légumes en serres.

Je voudrais la paix du misanthrope, repu
De la propre suffisance de son jardin
Secret, à cultiver le rêve de vertu,
A caresser de belles courbes sous la main.

Les gens normaux me pèsent trop
De la masse de leurs idées
Convenues sur le poids des mots,
De leurs sentences assénées.

Je voudrais une pensée fluide de paix,
Sans heurt ni violence, à l'unisson des coeurs,
Au plaisir d'aimer et d'être toujours en mai,
Au cours unique des plus suaves saveurs.

Le gens peuplent bien trop mon temps
De la foule immense d'ombres,
A ternir le soleil, d'enfants
Affamés dans la pénombre.

Je voudrais ne pas être de ce triste temps,
Choisir un siècle futur dans les âges d'or,
Où nous serions tous beaux et merveilleux amants
Sur les nuits de velours, où mon rêve s'endort.

Je voudrais ne plus rien vouloir,
Demeurer lucide et humain,
Souffrir et jouir de n'avoir
Qu'une eau fraîche au creux de la main.