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Jean Louis BESSIERE

Jodicille (I).

Deux ans que le vacarme rougeoyant du canon a cessé !
Une colombe, ailes écartelées a ralenti son vol blessé
Aux fauves rousseurs vénitiennes d'octobre finissant
Un vingt huitième jour au surplomb d'un berceau vagissant.
L'aube de tes années je ne la connus point
Acharné gauche ou sot j'évaluais mes poings
Au sordide de cours d'écoles sur un impavide chemin
Inscrivant l’indécise courbe d’un avenir sans lendemain.

En épousant la vie et ses noces amères
Comme amant et amante offrent à l'éphémère
Un cœur incandescent au bûcher des passions
Succombant à loisir au gré des tentations.
Survint au mois de mai réponse à ces questions
Avec délicatesse elle vint saper mes bastions
Ma terre brûlée en jachère, le maquis d'un jardin secret
Exaltant un éveil de l’âme aux senteurs de parfums sucrés.

Ma main conserve en son creux la douceur et l'intensité
D'initiales nuits veloutées gardées intimement.
Et pardon d'avoir hésité au seuil de ta féminité
Cherchant une réponse à ton flot d’arguments.
Les mois tenacement attisèrent sans plainte
Le souvenir celé de guerrières complaintes
A l’absence advenue, aux heures de trop-plein
Aux mots désabusés inscrits sur le vélin.

Te souviens-tu ma mie l’arbre transi de givre
Où grelottait décembre et notre envie de vivre ?
A l'aube d’un espoir tendu comme à l’envi
Surgit un berceau noir, une éclipse à la vie
Dans le tohu-bohu d’une prime tempête
Il fut fortuitement notre huitième jour
Le silence cruel du fruit de notre amour
Le vers inachevé au sonnet du poète

Combien de haut-le-cœur vomit nos solitudes
De peur du lendemain et d’amas d’inquiétude
Collés à flanc de parapet, au bord du vide
Vers le néant
Parfois béant
De pleurs arides.
L’espoir survint
Une nuit chaude de juin
Résiliant un bail utérin
Survint Sylvain

Au seuil de la jaune saison
Il prit place en notre maison
Sur l’arc en ciel à l’horizon
C’était à perdre la raison
Et si nos larmes ont tant coulé
C’est qu’un joufflu tant espéré
Lava les affres redoutées
Et nos doutes arc-boutés...