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Jean Louis BESSIERE

Huitième Jour.

Eclos, au lendemain de l’année érotique
Avril fleurait des airs de bourgeons éclatés,
L’amour déjà ancré dans la duplicité
Chaque jour regorgeait de desseins pléthoriques.

Elle abritait d’un fruit, l’enveloppe charnelle
Soulignant l’arrondi de son ventre alourdi
L’amour, s’apparentait à des jeux interdits
Au temps appréhendé des menstrues potentielles.

En ce décor tronqué, vide de notre enfant
Son corps ensommeillé sous la lumière crue
M’interdit indûment un élan incongru
La gorge comprimée d’un air trop oppressant.

Je méconnaissais tout des doctes obstétriciens
Dilapidant l’espoir dès la porte de vie,
David passa sans bruit de l’ombre à sa survie
Comme une éclaboussure au vélin parnassien.

Ce passé, maculé d’un aveu fatidique
Asséné sèchement au bleu de nos vingt ans
Fermait sans concession la porte du néant
Sur notre enfant porteur des affres trisomiques.

Si longtemps apeurés de ce petit nous même,
Consumant nos nuits fauves au bûcher du tourment
Déniant la sentence d’un cruel châtiment,
Sa chambre, sans berceau, ricoche nos blasphèmes.

Saturne a déroulé son impassible chaîne
Rangé nos souvenirs sur des traces de sel !
Quelques vertes années, ont fui à tire d’aile
En ce couloir du temps, masque de notre peine.

Survivant d’un destin, au gré souvent contraire
Sa clepsydre de sang bat de nouveaux tempos
Palpite intensément au tambour de sa peau,
Et son regard d’enfant filtre notre lumière.

Dévalant en excès le torrent des saisons
Vers des rives, où le sable amortit sa furie,
Son âme flotte enfin, sourde aux intempéries
Vivaldi, viens de grâce arpéger ses saisons !

Je sais ses yeux rieurs en nos matins d’été
Sa vie par paradoxe qui sur nous resplendit
Comme un rai infiltré au canal du midi
Transperce les halliers des cœurs déconcertés.

Quand le destin viendra, séparer nos chemins
Ton pas d’homme rêveur, sur les champs Elysées
Conduira ta frimousse aux tièdes alizés.
Mais à quoi bon fiston songer au lendemain !