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Jean Louis BESSIERE

En Souvenir.

(On l’appelait Panda)

Tapie sur l’osier de la chaise
Percluse au fond de sa douleur
Elle n’a pas tourné la tête
Poussant une petite plainte,
Sa prunelle s’était éteinte
Et sa robe trop maigrelette
Fanait depuis peu ses couleurs,
J’éprouvais un profond malaise.

Autrefois en félin agile
Qui se moquait des pedigrees
Elle dictait loi en ses gouttières
Pourvue des nobles attitudes
Elle nous toisait avec quiétude
Lustrant le poil de sa crinière
Sous sa paupière et à son gré,
Tour à tour guetteur ou vigile

Toute période était de chasse
Aux aguets d’un menu fretin,
En son œil luisait un canif,
Et sous sa paire de prunelles
Elle acérait comme un scalpel
Le rasoir de ses longues griffes,
Et les rongeurs jusqu’au matin
Perfectionnaient ses entrechats.

Elle entrait dès potron-minet
Avec un air mimant le tigre
Approchant sa tasse de lait
Qu’elle lapait du bout de sa langue,
Puis étendait son corps exsangue
Rêvant aux nuits échevelées
Troquant un rôle de chat-tigre
Contre un coin de la cheminée,

Elle instaurait ses habitudes
Nous observant fidèlement,
Puis installait sur nos genoux
Sa toison de velours
Le regard de l’amour
Son minois de minou
De longs ronronnements
Emplis de gratitude.

Aujourd’hui j’ai quelque chagrin
Et un peu de peine à vous dire
Que son œil jadis nyctalope
S’est éteint au fond de la nuit,
Et demain ma belle-de-nuit
Hantera la maison non-stop
Dans le silence du mourir.
Adieu ma chatte boute-en train…