Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jean Louis BESSIERE

Colombe Noire.

Ils n’ont plus d’espoir de retour
Leurs yeux sont des bougies éteintes
Ils vibrent en quelques au secours
Pour des silences, sans étreinte.
L’horizon s’offre en barbelés
A leur corps bleui d’engelures
Sous une âme trop mutilée
Dans son dédale de fractures

Ils portent tout autour du cou
Au bout d’une chaîne, une croix
Serrée un peu comme un licou
Sur leur chemin de désarroi.
Enlisés au cœur des ornières
Ils entrevoyaient des jardins
Sous le volet de la paupière
Où priaient veuve et orphelin.

Ils ont attaqué maintes fois
Sous le déluge et la mitraille
Et se sont demandés pourquoi
La terre avait bu leurs entrailles
Ils pleuraient sous la pluie
Le cœur empli de terre
Et tombaient sans un cri
A force de se taire.

Et tous ces acharnés
Pourvoyeurs de massacre
Parcouraient les travées
Guettant les simulacres
Imbu d’ignobles certitudes
L’officier en ses logorrhées
Exhortait son inaptitude,
De cris empruntés au goret

Leur nom effacé sans quota
Leur voix celée sous le bâillon
Ils glissaient de leur Golgotha
Et périssaient par bataillons.
Le sang versé sur l’échiquier
Coulait vermeil sur chaque case
Au cour officiel, pas d’inquiets
L’argus s’y négociait d’occase.

Au son du clairon tricolore
S’ouvrit un champ de ruines
Où la peur côtoyait la mort
Dans une forte odeur d’urine,
Que pisse la mémoire,
Sur des journées trop noires

Par milliers, ces visages inertes
Sont un miroir de la mémoire
Sont-ils partis en pure perte
Dans les nausées de notre histoire ?
Ils ont engeôlé la colombe
Derrière des grilles de fer
Et sous le poids de l’hécatombe
Geint la Chimère.