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Jean LESTRINGUE

Le refuge hors du temps

Je connais un jardin simple ou le temps se fige,
Lieu sûr où la genèse exaltée de verdure,
Prodigue la vie et magnifie la nature.
J'y reviens souvent en savourer le prodige.

Il convient de sentir la fraîcheur du matin
Encore chargée du silence de la nuit.
Du froissement des feuilles parvient peu de bruit,
Rythmé par mes pas sur le gravier du chemin.

La nature s'éveille, calme et reposée.
Du clair-obscur angoissant, les ombres se lèvent.
Au matin humide, les insectes prélèvent
Aux corolles des fleurs quelques pleurs de rosée.

Le soleil pare les lieux de faux diamants
Et y joint la douceur d'un souffle chaleureux.
L'air se charge déjà d'arômes généreux.
La vie exulte au pays des enchantements.

Dans cette ambiance ardente, au milieu des fleurs,
Abeilles, papillons, en nuée virevoltent,
Tandis que des bourdons, indifférents récoltent.
C'est un pays de cocagne, aux mille senteurs.

Les oiseaux charment l'espace d'une louange.
Je suis envahi d'une sorte de torpeur
Et là, dans l'herbe, abrité de la chaleur,
Je m'étends, songeur, le décor me semble étrange.

La ramure dilue la clarté en excès.
Des pinceaux en rais vifs dessinent l'auréole
D'une chevelure qui flotte au gré d'Eole.
Image réelle ou songe dont j'ai accès?

La silhouette occulte au contour incertain
Symbolise à ravir la grâce féminine.
J'imagine un visage de rondeur poupine,
Vague réminiscence d'un passé lointain.

De la feuillée, un souffle d'air soudain mordant,
Efface de ce fantasme toutes les traces.
Sur la réalité, j'ouvre des yeux sagaces,
Au sortir de cet état d'éternel perdant.

Dans ce lieu pénétré d'images éphémères,
D'élans émus, de regards à jamais perdus,
Mes rêves, mes espoirs, désormais sont fondus
Au creuset ou se forgent en vain les chimères.

Je veux chasser fermement les pensées mystiques
Et couvrir cette solitude d'un linceul.
L'hymne à la vie ne peut pas se célébrer seul
Au diable, monde égaré, rêves erratiques.

La paix succède aux cris des oiseaux chamailleurs.
De la ville parviennent des bruits assourdis,
Animant à nouveau mes membres attiédis.
Je pars, la félicité se trouve ailleurs.