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Jean LESTRINGUE

Le pâtre sans rocher

Dans mon pays, dit-on, la pluie tombe souvent,
Mais tellement longtemps qu'il convient de maudire
Un tel acharnement, un zèle aussi fervent.
Alors le mot souvent, ici, ne veut rien dire.

Étendue sans bornes, sobrement nuancée,
De clartés diffuses, de teintes uniformes,
Aux lointains embrumés, de distance insensée.
De cette immensité, j'en accepte les normes.

Lorsqu'à l'horizon folâtrent de lourds nuages,
Du ciel agité par un chaos grandiose,
Éclatent parfois les plus violents orages,
Avec un déluge d'eau, en apothéose.

Pour autant, j'aime les grands matins renaissants,
Le soleil blanc, perceur de brume opiniâtre.
Il me plait de parcourir les prés fleurissants,
Dans ces lieux sans rochers, pour en être le pâtre.

Prairies verdoyantes où terres lacérées,
Tout ici est générosité et promesse.
Dans ces vastes contrées, justement révérées,
Le vocable seul en évoque la richesse.

En prélude à l'accueil, un beffroi carillonne
Entre autres mélodies, celle du P'tit Quinquin.
Dans le pays c'est parfois l'hymne qu'on chantonne
Pour faire sourire ceux qui ont l'esprit taquin.

Pays des portes ouvertes très largement,
Ou qu'on ne ferme plus quand la clef est perdue ;
Du café chaud au coin du feu à tout moment,
Et qu'on offre en bienvenue, malgré l'heure indue.

Mais c'est dans les cœurs qu'on trouve la vraie chaleur
Dans une ambiance de fête elle s'exprime ;
C'est la ducasse, célébrée avec ampleur,
Un très bon remède pour les cas de déprime.