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Jean L INFONTE

Splendeurs et misères I

I.

On ouvrit les débats. La noble assemblée
Accepta en silence qu’autour de la table
On bannisse le bois qui d’ordinaire d’emblée
Tapisse les langues de nos chers notables.

« Fort bien, messieurs, avec ce courage
Dont se perd l’usage, il n’est pas à douter
Que ne s’offre pour nous l’espoir de cet âge
Tout de prospérité qui sans même brouter

Voit grossir les moutons, reverdir les gazons
Et qui sans même tondre, tricote les toisons.
Bref, assis tous en rond, ne pourrais-je croire

Que voilà relevée l’illustre confrérie
Que jadis fonda, à l’aube de l’Histoire,
Le grand roi Arthur dans sa chevalerie ? «

II.

Certains qui reconnaissaient l’envie parfumée
Au goût jésuite de chasser la souris
Commencent à sentir l’odeur de la fumée
Et sans rien dire entament les paris

De compter les têtes qui vont se décoller,
Sous l’effet conjugué de la guillotine
Sur la place dressée où vont caracoler
D’ordinaire tous ceux qui de la tartine

Ont le mauvais côté et des gros dossiers
Que, malgré leurs efforts, ce grand carnassier
Qui discourt doctement va d’un instant l’autre

Exhumer sous leur nez. Leur teint vire au vert
Et malgré les vices où chacun se vautre
Il voit les autres comme autant de pervers.