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Jean L INFONTE

Rondeau redoublé de Brahms

A Hambourg, les bas-fonds suintaient la crasse.
Des bordels du quai, j’étais l’enfant putain.
Mon père traînait là sa rance contrebasse
Où mon piano soufflait bas ses sons d’étain.

A vingt ans révolus, je saute dans le train.
Joachim jette son violon, m’embrasse.
Je renie ce génie dont il m’accable en vain.
A Hambourg, les bas-fonds suintaient la crasse.

Chez Franz, je touille un thé niais dans ma tasse.
Le son de ses pâles notes au miroir sans tain
M’agacent puis m’endorment. Je trépasse.
Des bordels du quai, j’étais l’enfant putain.

Schumann m’ouvre sa porte, me vante avec entrain.
Il me vend à Clara. J’assiège la place.
Et mon cœur faiblit quand elle y pose sa main.
Mon père traînait là sa rance contrebasse.

Tout enkystée de haine, mon âme se délasse.
J’oublie les critiques, tout ce peuple de nains,
Moquer le Requiem dédié à ma race
Où mon piano soufflait ses sons d’étain.

Au quatuor de Brahms c’est Werther qui passe.
Agathe n’a été que la mie de mon pain,
Je reste farouche et seul au cœur des glaces
Où glissent de mes symphonies le lent quatrain.

A Hambourg, les bas – fonds …