Vos
poèmes

Il faut que cela soit. Brûlez tous mes châteaux,
Abattez-en les tours, brisez la muraille !
J’implore ma peine dans tous vos tribunaux.

Je défie vos sanctions. Demain où que j’aille
Votre haine hâve marchera dans mes pas.
Tendez de vos filets, et trame et maille.

Je vivrai de ma loi. D’ici à mon trépas,
Jamais plus je n’aurai, je vous en fais serment,
La joie d’honorer la table de vos repas,

La faiblesse d’écouter votre cœur qui ment,
L’impudeur d’encenser vos creuses vanités,
La bassesse de croire tous vos compliments,

La politesse d’abdiquer mes vérités.
Je suis lors libre. Pillez donc ma cave,
Buvez tous mes grands crus. Pauvre humanité,

Il faut que je boive pour que toi, tu baves,
Il faut que je rime pour que tu rimailles.
Je vole la voile et laisse l’épave.

Je brave les juges. J’étale ma tripaille
Au prétoire public. Je nargue les bourreaux,
Je crache par terre et fixe la mitraille.

Il faut que cela soit. Brûlez tous mes tableaux,
Effacez les couleurs, déchirez mes dessins.
J’implore ma peine devant vos tribunaux.

Elle sera exemplaire et capitale.