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Jean L INFONTE

Dévaluation

L’artiche chaud englue nos pelouses
D’un engrais à l’odeur qui en a la couleur.
Du terrible pognon à l’auguste flouze,
On a repeint en vert nos moindres valeurs.
Mais que sont devenues les devises sur écus
Qui fleurissaient jadis, même chez les voleurs ?
L’écu n’est plus coté, noblesse a vécu.
Les devises fluctuent aux écrans de cristaux.
On parle de victoire pour avoir vaincu
L’hydre d’inflation mais à coups de marteaux
On écrase les doigts de ces petits bourgeois,
Pauvres boursicoteurs, qui demain aux tréteaux
Verront partir flambée, dans un grand feu de joie,
Leur retraite sacrée. Et que dire de l’armée
Des sans – grades paumés que jamais on n’emploie
A l’unique motif d’une porte fermée,
Des fiers ouvriers, des humbles artisans,
Et même des patrons dont la marge limée
Bouche l’horizon, les faisant partisans
Des pires agréments ? Car à trop applaudir
Les Molochs aveugles, d’ignares courtisans
Ont renié la loi qui nous a vu grandir.
A nos frontons vides, mais qu’est donc devenue
La fraternité ? Et devrons nous brandir
Jusqu’à la fin des temps l’envie parvenue
D’amasser un peu plus ? Les sauvages tribus,
Les plus cannibales, n’en sont jamais venues
A dévorer les leurs. Les pharaons, imbus
De leur éternité, s’ils ont sacrifié
Des peuples entiers à payer le tribut
De leurs pyramides, n’ont pas, momifiés,
Gagné l’éternité. A quoi donc peut rimer
La passion d’avoir, ainsi statufiée ?
Je préfère être, plutôt que de mimer.