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Jean L INFONTE

Ballade du loup

Tout vacille au soleil. Le sentier sinue.
Ses lacets lents longent le ciel et s’élèvent.
Aux chemins de traverse, ma chère ingénue
J’ai sacrifié, pour en goûter la sève,
La rédemption qu’offrent, la mort lors venue,
Les mains pleines de vie d’un homme à l’âme nue.
Tout scintille à la lune ; les grands astres morts
Puisqu’ Orion au printemps dans la mer descend,
Nos désastres passés, nos fulgurants essors,
Nos tendresses oubliées, notre orgueil indécent,
Le sourire de l’aimée, le cœur froid de l’amant.
Ce sont donc nos destins qu’aux dés joue un enfant.

Je parcours la lande. Et le froid s’insinue.
N’ai je donc été qu’un pauvre et pâle élève ?
A l’école de vie, nulle bienvenue,
Nul répit jamais mais parfois une trêve
Qui fait croire qu’enfin la paix est advenue,
Que l’amour est partout et même dans la rue.
Je cherche un refuge. Dans l’anse des grands ports,
Puisque aux flots déchaînés de l’Océan dément
On ne peut opposer que l’enceinte des forts,
J’espère cette paix et ce futur clément,
Epiant que le jour se lève à l’Orient.
Ce sont donc nos destins qu’aux dés joue un enfant.

Nul repos ne vient. Ma route continue.
Elle s’étire sans fin aux rives du rêve.
Et alors qu’en chacun la force diminue,
Qu’on se dit que cette chanson fut trop brève,
Que la mesure du sang se fait si ténue,
Ma peine va, grandit, rien ne l’atténue.

Nul chapitre à clore. M’a-t-on jeté un sort ?
Alors de désespoir à la fin on se ment,
On doit tout accepter, surtout d’avoir eu tort,
Et pour quelques instants, d’une vie un moment,
D’au prix d’éternité payer l’égarement.
Ce sont donc nos destins qu’aux dés joue un enfant.

Je paie donc la somme que paient les esprits forts.
D’avoir joué des cœurs en sale garnement,
Me voilà triste loup à hurler à la mort,
Pour souffrir d’éternité, mon seul grand tourment.
Ce sont donc nos destins qu’aux dés joue un enfant.