Vos
poèmes

Plonge le stylet dans le cœur ;
Fais très vite, et d’une main sûre,
Et tu sauras la profondeur
Merveilleuse de la blessure.

Cela ne dure qu’un moment ;
Tu ne dois avoir nulle crainte ;
Dépêche-toi, car autrement
Tu ne sentiras pas la plainte.

Désirs, regrets, douleur, plaisir,
Ne sont que traces fugitives ;
Tâche en sondant de les saisir
D’une façon définitive.

Retire aussitôt le stylet ;
Examine ces gouttes rouges.
Amours, chagrins, sont ce filet,
Sur la fine lame, qui bouge.

Sache aussi retenir tes cris :
Ils ne durent qu’une minute ;
Et puis, assieds-toi vite, écris
Afin d’éviter une chute.

Il faut écrire avec du sang :
C’est la seule encre indélébile.
Le cœur qu’on perce a des accents !
Plonge le stylet ; c’est facile.