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Jean KERZULEC

Tempète sur la poste

De grâce, ne touchez pas à nos tournées
Laissez nous faire, c’est notre métier !
Le service public, nous en avons l’habitude,
Les usagers satisfaits nous en montrent la gratitude.

Quel vent souffle en ce mois de mai 2007 ?
La réorganisation est annoncée comme une tempête !
Les perturbations et les ouragans sont à la fête,
Le ciel finira par nous tomber sur la tête !

Comment vous sont venues toutes ces idées saugrenues ?
Le tri, le classement, les changements de rue…
Allons-nous au devant d’une grande déconvenue ?
Le conflit non avenu, la grève qu’est-elle devenue ?

Allongez vos tournées, accélérez vos bicyclettes,
Refaites vos casiers, vos fiches, vos étiquettes,
Dégrafez vos cols et rajustez vos casquettes,
Grâce à vous, la poste va faire recette !

Mais gare aux crampes, aux entorses, aux fluxions,
Gardez le moral, la tête haute, pas de dépression !
Si la fatigue vous guète, faites-en abstraction,
Maintenez-vous en forme tel un grand champion !

Mais ne voyez-vous pas que nous croulons sous la charge ?
Le papier, les paquets, la publicité nous enragent…
Nous risquons même l’écroulement des étages
Et du sous-sol nous deviendrons les otages !

Nous nous moquions des cadences infernales, les voici venues
Le temps de pause tant attendu est disparu…
Zéro degré et pas de clopes, comme de bien entendu,
Même une bolée de cidre n’est pas la bienvenue !

Ah, il est fini le temps béni du facteur chouchou.
Avec le boucher et la coiffeuse, nous parlions de tout !
Et tous les services que nous rendions à tous les coups,
Nous allons laisser des regrets un peu partout…

De grâce ne touchez pas à nos tournées
Laissez nous faire, c’est notre métier !
Le service public, nous en avons l’habitude,
Les usagers satisfaits nous en montrent la gratitude.